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La face cachée de la peopolisation de l'alcoolisme.

Lorsqu’une célébrité a des démêlés avec la police à la suite d’une alcoolisation excessive, les journalistes s’emparent de l’information, comme si ce type de comportement était étonnant compte tenu de sa condition sociale voire de ses responsabilités. Les ivresses et leurs conséquences sont des sujets de railleries, voire de mépris.

alcool et people

Alors que les consommations excessives d'alcool touchent toutes les strates de la société, tous les âges, les hommes et les femmes et chaque catégorie socio-professionnelle, Cette manière de traiter l'information est révélatrice de représentations sociales liées à ce sujet.

Certaines idées sont coriaces. Par exemple, il y aurait ceux qui savent boire et ceux qui ne savent pas. Ou encore, boire par plaisir prémunirait contre les débordements. Vaste question que celle du plaisir car les plaisirs liés à l’alcool sont multiples...

Y aurait-il des plaisirs plus acceptables que d’autres ? Le plaisir gustatif est-il plus correct que le plaisir du lâcher-prise ?

On oublie surtout que les alcoolisations excessives sont simplement le dessus de l’iceberg d’une problématique intime et d’une souffrance qui exigent du respect. De l’usage simple à l’usage à risque, de l’usage à risque à l’usage nocif, de l’usage nocif et à la dépendance, le passage n’est pas franc. Entre les facteurs sociaux et individuels, de nombreuses conjonctures peuvent amener un être humain à une période de sa vie à se tourner vers ce produit, facilement accessible et aux effets puissants.

La prévention passe par de l’information sur les risques mais aussi par une éducation pour une réduction de ces risques et des dommages qu’ils engendrent. EIle passe également par une circulation de la parole pour faire évoluer les représentations sociales qui aggravent parfois les comportements car elles sont culpabilisantes et rabaissantes. Elle passe par de la pédagogie pour renverser des idées fausses bien ancrées culturellement. Et enfin, la prévention idéale ne serait-elle pas de prévenir certains facteurs de risques eux-mêmes ?

L’actualité, lorsqu’elle relate les frasques d’untel ou d’unetelle avec l’alcool se garde bien de faire un pont avec une autre actualité, celle qui rappelle que les autorités publiques renforcent encore et toujours leurs actions auprès de publics particuliers considérés à risques et ne passent pas le cap d’une démarche préventive de grande envergure.

N’est-il pas pourtant urgent d’étendre la prévention des usages excessifs d’alcool au grand public et de ne pas se focaliser uniquement sur les femmes enceintes et les jeunes comme ce sera encore le cas pour les 5 ans à venir ?

Les opposants des politiques de santé publique de prévention en matière d’alcool argumentent régulièrement leur position en qualifiant les pro-prévention de « moralisateurs », voire d’hygiénistes. Ils prônent leur valeur phare, la liberté individuelle. Ce discours ne renforce-t-il pas ces idées fausses qui scindent et culpabilisent ? Il laisse en effet croire qu’en matière d’alcool tout est histoire de contrôle et de volonté.

Comment dépasser ces polémiques ?

C’est bien pour dépasser ces polémiques - et ne plus attendre inlassablement que l’Etat devienne idéalement protecteur - que le concept JUST’DOSE a vu le jour il y a deux ans. Au delà de son gobelet pédagogique et préventif, JUST’DOSE est un concept qui propose à des citoyens de milieux variés de s’engager, chacun à son niveau pour impulser des prises de conscience face aux consommations d’alcool, prises de conscience qui peuvent amener certains à une forme de responsabilisation, de réduction des risques et des consommations et à d’autres de cheminer pour accéder aux soins.

Ces citoyens sont des professionnels, des bénévoles, des élus, des particuliers lambdas. Ils sont issus des secteur de la santé, de l’entreprise, des collectivités locales, de l’évènementiel, de la sécurité routière, de l’éducation, (etc. ). Ils utilisent les gobelets JUST’DOSE simplement comme d’autres gobelets pour les uns, ou encore dans une démarche pédagogique pour d’autres, voire même comme « goodies ».

Ce gobelet est un symbole, c’est un contenant (presque) passe-partout et il nous rappelle que les dérives liées à l’alcool touchent tous les milieux et tous les contextes... Il manque cependant peut-être une version luxe pour rappeler que ni le pouvoir ni les responsabilités, ni la célébrité ne protègent des abus…

1/ http://www.lemonde.fr/sante/article/2018/03/26/sante-les-timides-avancees-du-plan-de-prevention_5276406_1651302.html#5Y1ZTr7o0tPbhKA6.99

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